Elle a la douce insouciance de ses dix-huit printemps. Derrière ses fines lunettes se cachent un soupçon de coquetterie, mêlé à un brin de malice, un zeste de ténacité et une large cuillère à soupe d’intelligence. Roubaisienne bon teint, enfant du Rugby-club, Alycia MEERMANS est aussi la progéniture de Lionel MEERMANS, l’entraîneur de l’équipe fanion. Elle est aussi la sœur de… Lionel, l’autre, son frère cadet (15 ans), rugbymen, forcément.
C’est d’ailleurs par lui qu’elle est entrée en Ovalie, comme on entre en religion, par la grande porte du Carihem. « C’est aussi plus Papa que Maman qui m’a amenée au rugby, raconte-t-elle. J’avais tenté une première expérience rapidement avortée, avant que Lionel, mon frère, m’y attire une bonne fois pour toute, lorsqu’il a débuté en Poussins. Je lui ai emboîté le pas. Et depuis… »
Depuis, Alycia n’a plus quitté ce monde sportif qui, grâce à elle et de nombreuses autres, change à vue d’œil. A l’âge de la majorité, Alycia est une jolie demoiselle, pleine de tempérament, qui frappe à la porte de l’équipe de France de Rugby à VII. Dernièrement, elle a ainsi apposé son paraphe au bas d’un contrat professionnel qui fait d’elle une pensionnaire du Centre National de Marcoussis, le « Clairefontaine » du rugby tricolore !
« Une semaine par mois, je m’y rendrai pour m’entraîner avec l’équipe nationale de Rugby à sept. Au début, je ferai partie du groupe ‘’Rugby Développement’’ pour m’acclimater. Mais je ferai aussi quelques apparitions au sein de l’équipe professionnelle, celle qui participera aux Jeux Olympiques. »
Alycia fait donc naturellement partie de la Team Roubaix qui goûtera aux JO 2024 ! Comme beaucoup d’autres. Déjà Internationale U18, depuis mai 2018, elle fourbit ses armes au sein de l’Entente Villeneuve, « une structure féminine métropolitaine qui réunit quelques clubs de la Métropole lilloise », et qui lui permit de grandir, chaque semaine, un peu plus.
Il est ainsi loin, le temps où elle faisait l’admiration des dirigeants roubaisiens, dans un monde de petits garçons. Plutôt très féminine, Alycia n’a cependant jamais souffert de la différence, pas plus de l’indifférence… « A sept, j’ai toujours adoré jouer numéro 9 ou numéro 10, entendez : demie de mêlée ou demie d’ouverture. Mais je peux aussi évoluer derrière, à tous les postes. A quinze, 9 au 10, mais aussi 15, comme arrière. » Ne cherchez pas l’erreur… Ne cherchez pas non plus le nom de son joueur préféré, ni même celui de sa joueuse culte. « Chacun joue comme il sait faire, justifie-t-elle. Chacun a un super pouvoir qui lui appartient. » CQFD !
Alycia est très rieuse. Elle ne sourcille aucunement lorsqu’elle mesure le chemin qu’elle a encore à parcourir pour décrocher un hypothétique Graal. Elle attend patiemment, consciente qu’il lui faudra travailler tant et plus pour parvenir à ses fins. Mais en attendant, elle savoure sa vie de rugbywoman qui l’a presque déjà menée aux quatre coins de la planète. « Pour ma première sélection, j’avais participé aux championnats d’Europe de R7 à Vichy. En octobre 2018, j’ai ensuite pris part aux JOJ organisés en Argentine, avant d’effectuer une tournée d’une quinzaine de jours en Australie et en Nouvelle-Zélande. » Rien que ça !
La petite MEERMANS a donc conscience qu’elle possède une chance inouïe, mais n’en oublie pas pour autant son avenir qui se conjugue au futur immédiat. Et des études qui, depuis la Seconde, en 2016, sont poursuivies au Lycée Beaupré d’Haubourdin. Alycia avait ainsi intégré le Pôle Espoirs, l’actuel Pôle Académie.
Le Bac Philo, c’est donc le 17 juin, en guise de hors d’œuvre. Elle entamera ensuite toutes les épreuves qui lui permettront, peut-être, d’obtenir un Bac S. « Ça devrait pouvoir aller, dit-elle avec le petit doute dû à la prudence de la bonne élève. J’aime tout ce qui est lié à la SVT (Science de la Vie et de la Terre). J’attends aussi le résultat de Parcoursup, à savoir si je ferai un DUT de Génie biologique, option Diététique ou option Analyse biochimique et biologique. » Rien que ça…
La môme respire la force tranquille, qu’une extrême féminité rend très abordable et fort sympathique. Elle disserte sur tout : de la date et de l’heure de naissance communes des Lionel, le père et le frangin (« le 15 juin à 22 heures ! »), aux JO 2024 à Paris qu’elle a en point de mire. « C’est forcément l’objectif majeur pour atteindre le groupe. Mais avant, il y a beaucoup de travail à fournir. »
Elle mesure encore la chance d’avoir intégré une structure fédérale lui permettant d’évoluer dans un milieu où le haut-niveau et l’excellence sont privilégiés. « Le rugby, lâche-t-elle, c’est un sport intelligent. Il faut toujours comprendre ce qu’il se passe, analyser rapidement et tenter de prendre de suite la bonne décision. » Alycia a ainsi oublié d’être idiote ! « Je n’aime pas les sports individuels. Je préfère les sports collectifs, parce j’adore jouer avec mes copines. On est bien plus fortes ensemble… que toute seule ! »
Et tout cela, martelé avec une candeur qui n’est nullement teinte de niaiserie. Alycia avance au rythme de sa fougueuse jeunesse, avec raison mais aussi talent. Un talent qui fait l’admiration de sa famille, de ses dirigeants roubaisiens et de ceux qui l’admirent déjà. Surtout, Alycia, ne change rien…
Didier PARSY