Le 21 décembre dernier, devant son public-fétiche, Maïdin El Garni s’est emparé de la ceinture intercontinentale WBA de la catégorie des poids Légers. Un objectif atteint de plus, pour l’icône roubaisienne qui rêve de tutoyer les sommets, dans un avenir plus ou moins proche…
Même précédé d’une effrayante réputation de cogneur destructeur, le Mexicain Edwing Davila (25 ans, 20 combats, 20 victoires dont 12 avant la limite…) n’est pas parvenu à ébranler la froide détermination du Roubaisien Maïdin Elgarni. Il est vrai que, poussé par un bon millier de supporteurs entièrement acquis à sa noble cause, dans une salle Watremez surchauffée, le « Léger » nordiste n’a jamais tremblé face à celui qu’on comparait volontiers à une machine de guerre…
Le résultat est donc là : après avoir acquis, dix mois plus tôt, la ceinture continentale IBO, dévolue à la catégorie des Super-Plumes, Elgarni est allé voir plus haut pour conquérir un titre laissé vacant par son compatriote Yvan Mendy, lequel est maintenant intéressé par un « simple » titre mondial que des noms comme l’Ukrainien Vasiliy Lomachenko ou l’Américain Gervonta « Tank » Davis, le protégé de Floyd Mayweather, briguent également !
« L’ennui, pour moi, c’est que je suis seul »…
C’est dire si la pépite du clan Hamdoud se rapproche petit à petit d’un toit qui, pour le profane, paraît inaccessible, mais qui, pour la vedette du Boxing-club, n’est pas qu’un rêve. « Je suis toujours à l’arrache, dit-il un brin gouailleur et lucide, mais je suis très sérieux dans mon entraînement. Foudil, mon entraîneur, me surnomme Tarzan, c’est dire !… L’ennui, pour moi, c’est que je suis seul. Je ne dispose pas d’une structure en mesure de m’éviter des soucis d’ordre physique ou de récupération. »
Un vrai problème d’organisation que tentera de résoudre, au plus vite, l’Office municipal des sports. Fabrice Vanneste, son président, s’est ainsi ému qu’un athlète de la trempe de Maïdin ne soit pas plus entouré et suivi sur le plan médical et de la récupération. Mais le jeune homme de 26 ans, qui travaille en plus de son activité pugilistique, donne cependant tout pour parvenir à ses fins.
Avec ou sans une assistance de choix. Il fait ainsi référence aux semaines précédant son combat-phare. « J’avais voulu un sparring-partner costaud, capable de me pousser dans mes derniers retranchements. Je savais que le Mexicain frappait fort. Deux semaines avant l’heure dite, c’était dur mentalement ; vous ne pouvez pas savoir comme il était difficile d’observer le style rugueux d’un boxeur comme Davila. Il mettait de gros KO à ses opposants ; psychologiquement, c’était franchement perturbant. »
Le roc que représente Yvan Mendy fut donc amené à Roubaix. Un sparring-partner de taille, pour celui qui fourbissait ses armes. « Il avait un style approchant celui de Davila. Mendy a lâché le titre que je convoitais, pour avoir sa chance au plus haut niveau mondial. » Il a aussi lâché ses coups dans le Nord… Souffrant déjà d’une tendinite au poignet gauche, Elgarni ne fut guère plus avancé, à quelques jours du rendez-vous. « Le mal s’est réveillé lors d’un assaut avec mon sparring, au point que je ne faisais plus que de l’entretien physique, sans donner le moindre coup. »
Les bienfaits du bandage à la main…
Alors, comment a-t-il fait pour passer outre une insupportable douleur, durant le combat fatidique ? « Foudil et Bilal Hamdoud avaient fait appel à Éric Tormos, le ‘’cutman’’ attitré (entendez le spécialiste des bandages appliqués autour de la main) de… Tony YOKA. Il est capable de réaliser de véritables miracles ! C’est le bandage qui m’a finalement permis de ne pas trop souffrir durant le combat. Parce que le poignet était solidement maintenu. Mais lorsque l’on m’a ôté ce carcan, après mon succès, la douleur était atroce… »
Un mal pour un bien ! A moins que ce ne soit le contraire… « Je mérite maintenant un peu de repos, ajoute le champion. On m’avait déjà proposé une défense de mon titre… le 25 janvier, lors d’un gala organisé par Brahim Asloum ! Mais j’ai demandé à respirer un peu. » Il n’empêche que Maïdin Elgarni n’a jamais douté. « Dès le premier round, je savais que j’allais gagner. Je n’ai pas peur de l’adversaire, j’ai seulement peur de décevoir, surtout que je me produisais devant mon public, à Roubaix, à la maison. »
L’idole roubaisienne n’a donc déçu personne, alors qu’à l’appel du 9e round, DAVILA est resté coi. « Je sentais que je lui faisais mal, confie-t-il encore. Je ne le voyais plus très lucide, au contraire de moi qui suis resté appliqué jusqu’au bout. » Invaincu en quinze combats, Elgarni va donc maintenant essayer de préserver sa précieuse ceinture. Et en profiter un peu. « J’ai le droit à deux défenses, avant de regarder plus haut », conclut-il. Mais chaque chose en son temps. Pour l’heure, il savoure…
Didier PARSY
Crédit Photos : Augustin CHIVOT