Dans son fief roubaisien, en présence des meilleures spécialistes de la discipline, la sociétaire de la Team Roubaix a réalisé une sacrée performance. Deuxième derrière la redoutable Orléanaise Cécilia Berder, l’une des meilleures sabreuses du circuit mondial, le fleuron du Cercle d’escrime de Roubaix (CER) s’est remise en selle. Un magnifique accessit qui peut lui permettre de voir un peu plus loin que le bout de son sabre…
Elle n’est, certes, pas encore montée dans l’avion susceptible de l’emmener aux Jeux olympiques de Tokyo, à l’été 2020 (24 juillet au 9 août), mais Saoussen s’est au moins rassurée sur une chose : elle peut revendiquer le statut de prétendante sérieuse à une place d’équipière du Club France.
On l’a ainsi vue terriblement rageuse, motivée, samedi puis dimanche. Troisième dans l’épreuve collective de samedi, avec ses camarades du CER (la Mexicaine Paola Pliego et la juniore Nelly Deblecker), on la retrouva bigrement mordante le dimanche, lors de la compétition individuelle. Si elle bénéficia d’un soupçon de réussite en quarts, où sa dangereuse adversaire (Charlotte Lembach) dut s’avouer vaincue en abandonnant sur blessure en tout début de rencontre, victime d’un malencontreux coup de coquille, « Soussou » gardait la concentration, pour même finir très près de sa valeureuse opposante en finale (15-13).
Tokyo plus que jamais en point de mire !
Un résultat porteur d’espoir(s) pour Boudiaf qui, dans les prochaines semaines, entamera sa quête de points pour tenter de figurer parmi les meilleures sabreuses françaises. Trois seront sélectionnées pour les Jeux de Tokyo. Le premier voyage est fixé le dernier week-end d’avril : direction Séoul, en Corée du Sud, où la Nordiste fréquentera à nouveau un milieu qui avait fait d’elle une sabreuse redoutable, il y a maintenant trois saisons.
Roubaix n’était, certes, qu’un rendez-vous national, mais les prémices d’un fulgurant retour au premier plan n’ont pas échappé aux observateurs. Cédric Wallard, le premier. « C’est un beau résultat qui ne va pas au-delà de nos espérances. Elle se voyait forcément sur le podium, puisqu’elle évoluait chez elle. Je crois qu’elle a rempli son contrat. Il lui fallait récupérer quelques sensations, ce qu’elle a magnifiquement bien fait. »
Il faut maintenant à Saoussen Boudiaf qu’elle engrange de la confiance pour lui permettre de lutter à armes égales avec les meilleures spécialistes mondiales. A commencer par quelques-unes de ses compatriotes qui sont, sans conteste, les plus fortes de la discipline, à l’heure actuelle…
« A Séoul, ce sera un Grand Prix, poursuit Wallard, le maître d’armes roubaisien. Ce qui veut dire que le coefficient est de 1,5. La Corée du Sud n’est qu’une première étape. Il y en aura huit jusqu’à Tokyo et sa qualification. C’est une course olympique qui va durer un an, en passant ensuite par Tunis, Moscou (Russie), mais aussi les championnats d’Europe à Düsseldorf (Allemagne) et les Mondiaux à Budapest (Hongrie). »
Meilleure chance roubaisienne côté masculin, Edouard Barloy a quitté l’épreuve individuelle au stade du tableau de seize, éliminé par le seul italien de la compétition (15-14)… La veille, par équipes, Edouard et les siens n’avaient obtenu qu’une modeste sixième place, défaits par les futurs finalistes de la compétition.
Maintenant titulaire de son diplôme en chirurgie dentaire, le Picard s’entraîne souvent à l’Insep, ce qui lui permet d’engranger beaucoup d’expérience, mais Barloy n’en oublie pas pour autant son club d’accueil. Comme Boudiaf, il sera prochainement du voyage à Séoul. Ne dit-on pas que les voyages forment la jeunesse ?…
Didier PARSY